Ocho débarque à Barcelone. Il est seul… mais ne va pas le rester bien longtemps. Il rencontre Javi pour un petit cinq à sept. Une connexion à part s’installe entre ces deux personnages qui semblent se connaître depuis des années. Est-ce l’effet d’un coup de foudre ? À moins qu’Ocho et Javi se connaissent effectivement depuis des années ?
Par Fred Lafeuille
Fin de siècle est une histoire d’amour poétique et chargée d’intelligence, où le temps qui passe campe le troisième rôle principal. Au fil des images, on glisse dans les années pour assister à l’évolution de deux hommes pour qui tout est possible.
Nous avons rencontré Lucio Castro, le réalisateur de ce film à ne surtout pas manquer ! Passionné de cinéma, cet Argentin vit désormais à New York où il a travaillé comme créateur de mode masculine… Auteur et réalisateur de Fin de siècle, Lucio Castro met en scène une histoire d’amour singulière qui glisse dans le temps. Interview…
COMMENT EN ÊTES-VOUS VENU À ÉCRIRE CE FILM ?
D’abord, le titre m’est venu. Je ne pensais pas que c’était un titre spécialement bon, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser, comme si c’était plutôt le titre qui m’avait choisi pour trouver sa forme. J’ai donc commencé par le début le plus élémentaire de tout roman ou histoire : un personnage arrive dans une grande ville qu’il ne connaît pas. Puis j’ai suivi le personnage et j’ai commencé à voir le film, à imaginer l’histoire pendant que je la tapais…
« LA SOLITUDE EST INÉVITABLE ET IMPORTANTE. NOUS DEVONS APPRENDRE À ÊTRE EN ACCORD AVEC ELLE »
EST-CE UN PEU AUTOBIOGRAPHIQUE ?
Il y a certainement des éléments proches de ce que j’ai vécu. Mais pas de façon exacte – je ne suis jamais allé à Barcelone avant de le tourner, par exemple. Mais tout a émané de moi. À 100 %. Je n’ai jamais fait lire le script ou fait voir une version finale du film. C’est donc un travail personnel, le produit de mon imagination.
IL Y A UN LONG SILENCE AU DÉBUT DU FILM. POURQUOI CE POINT DE DÉPART ?
J’adore le début de Conte d’été de Rohmer, et ça m’a beaucoup inspiré. Je voulais montrer comment, lorsque vous êtes seul dans une ville, vous pouvez vous concentrer davantage sur ce qui se passe autour de vous, écouter les choses depuis un balcon, regarder l’architecture. Le temps a un rythme différent. Alors que lorsque vous êtes avec une autre personne, tout tend à devenir un échange Interpersonnel qui concerne moins l’arrière-plan. Mais ce n’était pas vraiment prévu. J’ai tourné les scènes telles que je les avais écrites. Elles prenaient du temps. Alors je les ai laissées comme ça. Puis le film comporte tellement de dialogues plus tard que j’ai pensé que c’était un très joli contraste.
« LES ACTEURS ÉTAIENT UN PEU VERVEUX AU SUJET DES SCÈNES DE SEXE… »
UNE CONNEXION COMPLEXE ET POURTANT TRÈS SIMPLE S’INSTALLE ENTRE JAVI ET OCHO. LES SCÈNES DE SEXE SONT TRÈS RÉALISTES. COMMENT AVEZ-VOUS CHOISI ET DIRIGÉ LES ACTEURS ?
Les acteurs étaient un peu nerveux au sujet de ces scènes de sexe. Alors, nous avons chorégraphié en amont chaque mouvement, en étudiant les angles de vue de façon très spécifique. À vrai dire, ce sont les scènes les plus faciles et les plus rapides à tourner. Ma seule direction était : “N’essayez pas de paraître beaux, nous avons l’air laids et ridicules pendant les rapports sexuels”. La scène de danse et du baiser était bien plus complexe. Ça nous a demandé trente-deux prises et plusieurs heures.
POURQUOI BARCELONE COMME DÉCOR ?
Barcelone est une ville de contrastes. C’est à la fois ancien et nouveau. Elle a des plages et aussi une ambiance très citadine. C’est un lieu de passage, mais aussi le lieu de vie de beaucoup de monde. C’est beau. Le temps est parfait. Sauf quand on a tourné : il a plu presque tous les jours ! Et puis ce n’est pas si grand. À Barcelone, il est possible de rencontrer les mêmes personnes par hasard. Enfin, l’espagnol est aussi ma langue maternelle.
Fin de siècle | 2019 | Argentine | 1h24 | Au cinéma le 23 septembre 2020
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