Des dirigeants tchétchènes anti-gay poursuivis pour crimes contre l’humanité ? Deux ONG allemandes ont intenté une action visant à faire condamner cinq leaders de ce pays qu’elles accusent d’avoir organisé la “purge gay”…

Par Fred Lafeuille

L’organisation non gouvernementale allemande European Center for Constitutional and Human Right (Centre européen pour les droits constitutionnels et humains) et le Russian LGBT Network ont donc déposé une plainte pénale les accusant de crimes contre l’humanité il y a quelques semaines. Cinq dirigeants tchétchènes sont visée par cette plainte argumentée dans un document de 97 pages. C’est dire si les chefs d’accusation sont nombreux et détaillés…

La justice va enquêter sur la “purge gay”

Ces cinq personnes font partie de l’entourage direct du président tchétchène Ramzan Kadyrov, réputé pour être tyrannique, violent et proche de Vladimir Poutine. Et c’est la justice allemande qui a enregistré la plainte en question. Elle devrait donc très rapidement s’intéresser de plus près aux purges anti-gays qui ont lieu en Tchétchénie depuis 2017.

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Selon les informations du Guardian, les deux ONG accusent de façon frontale l’armée tchétchène et le gouvernement du pays. Selon elles, il s’agit bel et bien de crimes contre l’humanité. Car on parle ici de persécutions, d’arrestations illégales, de tortures, de sévices sexuels imposés aux victimes et même d’incitation au meurtre en raison de l’orientation sexuelle. 

Des dirigeants tchétchènes anti-LGBT+ poursuivis pour crimes contre l’humanité ? Le président tchétchène Ramzan Kadyrov est un proche de Vladimir Poutine…

Les organisations accusatrices ont recensée pas moins de 150 victimes depuis février 2017. Et c’est bien évidemment sans compter les victimes potentielles qui n’ont pas été répertoriées. Des centaines ? Des milliers ? Encore plus ? Difficile à dire tant l’opacité règne dans ce pays peu recommandable. 

Dans un système imparfait de justice pénale internationale, avec une cour pénale internationale à compétence limitée, l’Allemagne tente de garantir que l’Europe n’est pas un refuge pour les criminels de guerre”, a récemment déclaré Wolfgang Kaleck, fondateur du Centre européen pour les droits constitutionnels et humains. 

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Si aucune autre juridiction n’enquête, l’Allemagne est capable et doit être disposée à prendre en charge des tâches, représentant ainsi l’Europe et la communauté internationale”, poursuit-il.

La Cour pénale internationale a trop longtemps pataugé

Une action avait précédemment été intentée devant la Cour pénale internationale en 2017 mais avait échoué”, comme le rappellent nos confrères du site Komited. Quant au Guardian, il affirme que cette action n’a pas vraiment servi puisque “la Russie s’est retirée de la juridiction du tribunal de La Haye”.

Cette situation dure en tout cas depuis trop longtemps. C’est en avril 2017 que le journal russe Novaya Gazeta a tiré en premier la sonnette d’alarme. À l’époque, le quotidien était des plus inquiets. Selon lui, des hommes étaient emprisonnés dans des centres de détentions en raison de leur orientation sexuelle. Et pas n’importe lesquels, puisque ces endroits sordides sont non officiels.  

Des dirigeants tchétchènes anti-LGBT+ poursuivis pour crimes contre l’humanité ?

LGBT Network est la plus grosse ONG LGBT+ de Russie. Elle avait quant à elle précisé en 2017 que ces hommes étaient insultés, électrocutés et frappés à l’aide de barres de fer. Quelle fut alors la réponse du gouvernement tchétchène ? Qu’il n’y avait pas d’homosexuels en Tchétchénie et que ceux qui pourraient exister seraient quoi qu’il en soit rejetés par leurs propres familles.

Des dirigeants tchétchènes anti-gay poursuivis pour crimes contre l’humanité ?

Quoi qu’il en soit, ces poursuites pourraient permettre d’aider les réfugiés tchétchènes qui demandent asile en Europe. “Dans des pays comme la Tchétchénie, il y a une omerta sur l’identité sexuelle. Il y a très peu d’information sur la situation de la communauté LGBT+”, explique Patrick Dörr, de l’ONG allemande The Lesbian and Gay Federation. “N’importe quelle action juridique qui conduit à une meilleure information peut faire une différence cruciale dans la demande d’asile.

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