L’ONG Human Rights vient de lancer un appel à la Tunisie. Elle veut mettre fin aux tests anaux comme « preuve » de l’homosexualité. Elle demande également l’abrogation du délit d’homosexualité.
Par Andrei Olariu
Deux hommes de 26 ans viennent d’être arrêtés à Kef, dans le nord-est de la Tunisie. Leur crime : avoir eu des rapports homosexuels ! Après un simulacre de procès, ils ont écopé chacun d’un an de prison ferme en appel. Tous deux ont refusé de se soumettre au test anal. Un refus que la justice tunisienne a considéré comme une preuve de leur « culpabilité ».
#Tunisie : La condamnation en appel à un an de #prison de deux hommes accusés de rapports #homosexuels met en évidence l’importance d’abroger l’article 230 du code pénal (sur lequel ce verdict injuste est fondé), selon HRW. https://t.co/Bt5VIZQYGn @Rasha__Younes #LGBT pic.twitter.com/N5PNcSBIn1
— HRW en français (@hrw_fr) August 5, 2020
Ce mercredi 5 août, l’ONG Human Rights Watch a lancé un appel. Elle demande une nouvelle fois aux autorités tunisiennes de libérer « immédiatement » les deux hommes et de mettre fin à tout test anal. Une pratique jugée « dégradante et inhumaine ».
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« Les autorités tunisiennes doivent immédiatement révoquer leurs condamnations et les libérer » exhorte Human Rights Watch dans son communiqué.
UNE TORTURE LÉGALE
Mais l’ONG s’attaque également au délit d’homosexualité encore en vigueur en Tunisie. Elle publie « une directive ordonnant aux procureurs de renoncer à imposer des examens anaux à des détenus » . Elle demande aux médecins légistes, sous la tutelle du ministère de la Santé d’arrêter ces pratiques au nom du « respect du droit à la dignité et à l’intégrité physique« .
« Ces examens visant à prouver l’homosexualité sont une véritable torture ! »
Ces examens visant à prouver l’homosexualité, sous le feu des critiques, sont récurrents en Tunisie. Pourtant en 2017 devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Tunis s’était engagé à ne plus les imposer. Ils « violent l’éthique médicale et n’ont aucune valeur scientifique ou probante pour prouver l’homosexualité » , soulève l’ONG. Human Rights Watch considère l’acte comme « inhumain et dégradant » , mais surtout, il « viole le droit international » .
DES CENTAINES DE PROCÈS PAR AN !
Chaque année en Tunisie des personnes sont arrêtées et jugées pour leur orientation sexuelle. Le collectif civil pour les libertés individuelles (qui comporte 40 associations de défense des droits humains) a dénoncé près de 120 procès pour homosexualité rien qu’en 2019.
« La Tunisie doit envoyer un message fort contre les condamnations arbitraires infligées en vertu de lois archaïques sur la sodomie et libérer les deux hommes immédiatement« , a déclaré Human Rights Watch.
Espérons que cette fois, ils seront entendus !