Bruno Agati est comédien, danseur, chorégraphe et metteur en scène. Du jour au lendemain à cause de la pandémie, il voit toutes les dates de sa troupe Mixity annulées les unes après les autres. Loin de baisser les bras, il va avoir une idée un peu folle : faire le show aux fenêtres de son appartement pour les passants. Le succès est immédiat !
Par Andrei Olariu
Salut Bruno, le cabaret est toi c’est une histoire d’amour qui dure depuis longtemps ?
Je pourrais dire que je fais du cabaret depuis toujours. Enfant je m’amusais à imiter Zizi Jeanmaire, Mistinguett et Liza Minnelli. Plus tard, j’ai eu la chance de travailler avec Zizi et de rencontrer de nombreux artistes de music-hall. Ça m’a inspiré pour créer mes propres shows. J’ai toujours aimé ce mélange d’humour, d’émotion et d’esthétisme.
Toi qui habites Montmartre, est-ce que tu dirais que le quartier à le spectacle dans le sang ?
Oui bien sûr ! Mais aujourd’hui les Montmartrois se plaignent parce que leur quartier se meurt. Il n’y a plus tous spectacles qu’on pouvait voir dans le temps à chaque coin de rue. Il y a une véritable demande. Les gens ont besoin de s’amuser, de rêver et de rire, surtout en ce moment !
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Comment ta troupe Mixity et toi avez-vous vécu ce long confinement ?
C’était très difficile ! Nous sommes 12 et tous en stand-by depuis plusieurs mois sans perspectives. Alors nous avons essayé d’être créatifs. Il a fallu se réinventer, trouver de nouvelles idées c’était notre seule chance de nous en sortir.
» Ce spectacle à ma fenêtre s’est imposé comme une évidence «
Pourquoi avoir appelé votre troupe Mixity ?
Parce qu’on y retrouve une véritable mixité des genres. Il y a des femmes, des hommes, des personnes racisées. Mais ça ne s’arrête pas à ça. Notre spectacle est une palette de talents très variés. Il y a des chanteurs, des danseurs, des comédiens et des artistes de cabaret. Notre point commun c’est notre générosité et notre envie de faire plaisir au public !
Ce mélange des talents et des sensibilités artistiques est important pour toi ?
C’est même indispensable ! Cette ouverture d’esprit et ce mélange des arts font notre force. En France on a besoin de mettre les gens dans des cases, mais chez Mixity on prône l’inverse. Chacun s’épanouit dans le rôle qui lui convient le mieux. Je crois en la synergie, c’est la force cela représente la vie.
Il y a une semaine, vous avez offert un véritable show aux fenêtres d’un immeuble des abbesses. D’où vous ait venu cette idée ?
Je pense que je l’avais en moi. J’étais en ébullition pour trouver une idée. Je voulais que mes artistes jouent. Tu sais la scène c’est vraiment toute notre vie et on était vraiment en manque de la retrouver ! Alors un dimanche avec un ami, j’ai lancé une musique puis je me suis mis à danser à ma fenêtre. Dans la rue, les passants se sont arrêtés et ont commencé à prendre des photos. Ils avaient tous le sourire, ils applaudissaient. Ça a été comme une évidence. J’ai compris que je tenais là notre nouveau spectacle aux fenêtres du 30, rue des Abbesses !
C’est compliqué de se mettre en scène à la fenêtre ?
J’avoue que ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple. Il faut se mettre à la place du public et prendre en compte ce qu’il peut voir ou non. Puis on a dû faire avec les moyens du bord. Mais c’était un exercice très intéressant. On y a inclus des adaptations de numéros qu’on faisait déjà et pleins de nouveautés pour garder l’effet de surprise.
» Les gens ont besoin de s’amuser, de rêver et de rire, surtout en ce moment ! «
Ce pari un peu fou aura-t-il une suite ?
Oui, si on arrive à obtenir l’autorisation de la Mairie du 18e. Notre dernier spectacle ayant été interrompu suite à des plaintes des riverains nous devons tout faire dans les règles. Mais je suis optimiste et j’ai une foi inébranlable.
Le Président de la République nous a appelés à réinventer notre manière de faire le spectacle. C’est exactement ce que nous avons fait. Nous avons là un concept original et on ne va rien lâcher. Il va de la survie de tous les artistes de la troupe.
Quelles sont les prochaines dates à la fenêtre ?
On vous donne rendez-vous au 30, rue des Abbesses les 29 et 30 août prochain. Puis le 18,19, 25 et 26 septembre. Mais j’ai envie d’exporter le concept dans d’autres quartiers et qui sait peut-être un jour aux fenêtres de la Mairie de Paris !
Aujourd’hui c’est donc un appel à l’aide que vous lancez à la Mairie de Paris ?
Absolument je demande à Anne Hidalgo, Maire de Paris, et à Eric Lejoindre, Maire du 18e arrondissement, de « Levez les yeux » ! Nous avons besoin de leur aide pour que cet événement puisse avoir lieu ! Les artistes parisiens ont besoin d’eux !
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